Page:Weil - Poèmes suivis de Venise sauvée, 1968.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Combien mes compagnons me sont chers, vous le savez bien,
Mon ami plus que tous. Mon honneur m’est encor plus cher.
Je chéris mon ami comme vous aimez votre fille.
Tout cela est pour moi ce qu’est pour vous votre cité.
Je n’avais rien promis à Venise, et je l’ai sauvée,
Renonçant par pitié à tant de puissance et de gloire.
Ah ! ne devez-vous pas me rendre pitié pour pitié,
Préserver ce que j’aime, alors que vous l’avez promis ?
Vous n’y perdriez rien, tandis que moi, j’ai tant perdu !
Si vous laissez la vie à mes compagnons bien-aimés,
Vous n’en gardez pas moins votre cité, votre puissance.
Ces malheureux captifs ne peuvent pas vous menacer.
Ils feront le serment de ne jamais nuire à Venise.
Ils tiendront leur parole. Ils vous obéiront toujours.
Ne m’épargnez-vous pas ? Moi, pourtant, si vous les tuez,
J’aurai quelque raison de rechercher une vengeance.
Et je vis cependant, parce que je vous ai sauvés.
Vous avez tort. Hier, quand je suis venu vous trouver,
Je n’ai pas exigé le serment qu’on me laissât vivre ;
Mes amis seulement. Si vous croyez devoir punir