Qui sont-ils, qui sont-ils pour m’avoir volé mon destin,
La part à quoi j’ai droit de la puissance et de la gloire ?
Moi dont l’intelligence a su s’élever comme un aigle,
Et, voyant le troupeau de ceux qui sont faits pour servir,
Concevoir les moyens de dominer au loin les peuples ;
Qui pensais devenir le favori du roi d’Espagne,
Me faire sous son nom maître de la chrétienté,
Conquérir l’Orient, et commander toute la terre ;
Faut-il mourir ici ? Je n’aurai donc jamais vécu.
Je n’ai jamais vécu, puisque je n’ai pas gouverné.
Non, ce n’est pas possible, il faut vivre avant de mourir.
On va me tuer là, dans la prison, avant le jour ;
Je ne pourrai donc plus, je ne pourrai jamais régner !
J’en dirai tant contre eux qu’il faudra qu’on me fasse grâce.
Eux, ils vont tous mourir, mais à moi je veux qu’on pardonne.
Pourquoi restons-nous là ? Comme ils sont lents ! Qu’on en finisse !