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LE SECRÉTAIRE, à Violetta.

Enfant, qui crois qu’une ville est défendue par sa beauté ! Heureusement nous avons des raisons plus sérieuses d’être tranquilles ; grâce à nos soins et à notre bonne fortune, rien ne nous menace en ce moment. Mais toi, enfant, ne sais-tu pas que jamais cité n’a été préservée par la pitié d’un ennemi ? Et toi, dans tes jeux, n’as-tu jamais effeuillé une fleur, brisé un jouet, arraché les ailes d’un insecte ?

VIOLETTA

Oh ! non, jamais, jamais !

Puis Violetta dit à son père :

Demain, du moins, il faut que tu aies du temps pour moi. Demain soir, nous passerons quelques heures en gondole, sous les étoiles, n’est-ce pas, mon père ? Demain soir, après tout un jour de fête. Pas ce soir, car je veux après un long sommeil m’éveiller demain à l’aube pour tout un jour de joie. Si vous saviez, monsieur Jaffier, quelle journée vous aurez demain.

Violetta décrit la fête. (C’est plutôt là, peut-être, qu’elle parle de Monteverdi.)

Jaffier lui donne la réplique, lui parle aussi de ce qu’elle verra, fera le lendemain. Violetta évoque les sentiments du peuple de Venise le jour de cette fête.

Même quand vous aurez vu la fête, vous ne saurez pas ce que c’est pour un homme ou une femme de Venise. Cela, personne ne peut le savoir.