vérité, c’est vraiment abandonner tous ses biens par folie d’amour et suivre celui qui est en personne la Vérité. Et c’est vraiment porter la croix. Le temps est la croix.
Il ne faut pas le faire tant que l’instant limite n’est pas proche, mais il faut reconnaître la rêverie pour ce qu’elle est ; et même pendant qu’on en est soutenu, ne pas oublier un instant que sous toutes ses formes, les plus inoffensives en apparence par la puérilité, les plus respectables en apparence par le sérieux et par les rapports avec l’art, ou l’amour, ou l’amitié (et pour beaucoup la religion), sous toutes ses formes sans exception elle est le mensonge. Elle exclut l’amour. L’amour est réel.
Je n’oserais jamais vous parler ainsi si mon esprit avait élaboré toutes ces pensées. Mais, quoique je ne veuille accorder à de telles impressions aucun crédit, j’ai vraiment malgré moi le sentiment que Dieu, par amour pour vous, dirige tout cela vers vous à travers moi. De même, il est indifférent que l’hostie consacrée soit faite d’une farine de la plus mauvaise qualité, même aux trois quarts pourrie.
Vous dites que je paye mes qualités morales par de la défiance envers moi-même. Mais l’explication de mon attitude envers moi-même, qui n’est pas de la défiance, qui est un mélange de mépris, de haine et de répulsion, se situe plus bas, au niveau des mécanismes biologiques. C’est la douleur physique. Depuis douze ans je suis habitée par une douleur située autour du point central du système nerveux, du point de jonction de l’âme et du corps, qui dure à