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car le malheur est pour beaucoup d’entre eux un obstacle plus difficile à surmonter que le crime. Pour leur enseigner que, coupables ou non, gravement ou légèrement coupables, leur malheur, qui leur est commun avec le Christ, les prépare tout particulièrement, s’ils savent en faire bon usage, à Lui ressembler.

Les mendiants ont pour lien avec Lui la parole « J’ai eu faim… ».

Les étudiants et « intellectuels » de toute espèce ont pour lien avec Lui la parole « Je suis la Vérité ». (Ce n’est pas une petite responsabilité.) Ceux qui enseignent ont à L’imiter en tant qu’Il était le « magister » ; les médecins, à cause de ses guérisons, etc.

Les juges, et d’une manière générale tous ceux qui exercent une juridiction quelconque sur leurs semblables, qui ont le pouvoir de punir, donc tous ceux qui ont un pouvoir, ont pour lien avec Lui la parole « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Comme le Christ seul est sans péché, cela signifie qu’ils ont le droit de punir à condition seulement que le Christ habite réellement dans leur âme, et si, au moment où le châtiment va être décidé, toute leur âme fait silence pour laisser parler le Christ.

Sous un autre aspect, ils ont un lien spécial avec le Christ comme Pasteur. Et sous un autre aspect encore, en tant qu’il leur arrive d’accorder des bienfaits, leur lien avec le Christ se trouve dans la parole « J’ai eu faim et tu m’as donné à manger ».

Tous les subordonnés, tous ceux qui obéissent et exécutent ont un lien avec le Christ dans les para-