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sentir, c’est le texte : « … pour être les fils de votre Père, celui des cieux, parce que son soleil se lève sur les méchants et les bons, et il pleut sur les justes et les injustes… Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

Ce texte convient aux périodes où l’influence du soleil et de la pluie est le plus sensible ; par exemple, quand le blé ou le raisin sont en voie de maturation.

En le commentant, il faudrait inviter chaque paysan à se demander s’il se sent assez pur pour désirer que le soleil et la pluie soient réservés aux bons et aux justes ; et pour ceux qui seraient tentés de dire oui, rappeler la parabole du pharisien et du publicain.

Comme beaucoup de curés de village n’ont pas la capacité nécessaire pour commenter convenablement tous ces textes, il faudrait faire pour eux un manuel spécial à cet effet.

Au cours des longues soirées d’hiver aussi, le curé devrait encourager les fidèles à organiser parfois des veillées où il viendrait lire et commenter l’Évangile.

Et dans les périodes de travaux, il devrait parfois aller chez les uns et les autres, travailler une heure ou deux et tout en travaillant dire quelques paroles susceptibles de transformer le travail en une métaphore qui ait une signification spirituelle.

Tout cela sans excès, car la pensée de Dieu doit d’abord être dans une vie humaine comme le levain dans la pâte, comme la perle dans le champ — un infiniment petit en apparence.