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de la Providence. Il lirait aussi le passage « je suis le pain de vie… » et dirait aux enfants qu’ils vont fabriquer ce pain dont la consécration fera le pain de vie.

Il faudrait une cérémonie parallèle pour les filles, mais elle est plus difficile à imaginer.

À l’occasion de cette cérémonie, tous les hommes, après les enfants, demanderaient à Dieu pour eux-mêmes la continuation de cette même grâce, — à savoir toujours toucher la charrue dans un esprit de charité.

Après chaque récolte, dans chaque ferme, on mettrait de côté un peu de grain que les femmes moudraient et pétriraient elles-mêmes, et elles l’offriraient au curé pour l’hostie.

Chaque dimanche, le curé annoncerait : « Aujourd’hui le pain qui sera consacré vient de telle ferme ; les hommes et les femmes de cette ferme ont par leur travail donné un peu de leur substance vitale à Dieu pour que le Christ ait de quoi s’incarner sur l’autel. »

Ce jour-là, les hommes, femmes et enfants de cette ferme, patrons et domestiques, seraient au premier rang.

Cet honneur serait accordé inconditionnellement au moins une fois à chaque ferme ; mais il serait accordé plus souvent à celles où la piété et surtout la charité du prochain seraient plus grandes.

De même pour le vin, là où il y a du vignoble.

Chaque dimanche, le curé et les fidèles ensemble, nommant les travaux en cours, demanderaient à Dieu de les bénir comme devant servir à donner de la chair et du sang, d’une part au Christ sur l’autel,