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intérieur devant le sacrement est peut-être un signe certain — il n’est plus rien demandé d’elle sinon de l’attente immobile.

L’attente immobile, cela ne veut pas dire l’absence d’activité extérieure. L’activité extérieure, pour autant qu’elle est rigoureusement imposée par les obligations humaines ou par des commandements particuliers de Dieu, est une partie de cette immobilité de l’âme ; rester en deçà ou aller au-delà dérange également l’attitude d’attente immobile.

Une activité exactement égale à ce qui est commandé est une condition pour l’attente de l’âme, comme, chez un enfant qui étudie, l’immobilité du corps est une condition pour l’attention.

Mais, comme l’immobilité physique est autre chose que l’attention, est par elle-même sans efficacité, de même les actes prescrits pour l’âme parvenue dans cet état.

De même que l’homme vraiment attentif n’a pas besoin de se contraindre à l’immobilité pour provoquer en soi l’attention, mais au contraire, dès que sa pensée s’applique à un problème, suspend naturellement, automatiquement les mouvements qui la gêneraient, de même les actes prescrits découlent automatiquement d’une âme en état d’attente immobile.

Tant que la perfection est loin, ils sont fréquemment mélangés de peine, de douleur, de fatigue, d’une apparence de lutte intérieure, de défaillances souvent graves ; mais pourtant, tant qu’il n’y a pas eu dans l’âme trahison consentie, il y a dans leur accomplissement quelque chose d’irrésistible.