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ne se produit pas autour de lui un conflit dans l’âme. Par exemple si un homme désire sincèrement s’exposer à la mort comme soldat pour son pays, et s’il est dans l’impossibilité de commencer même aucune démarche pour y parvenir, si par exemple il est à demi paralysé, son désir ne sera pas combattu dans l’âme par la crainte de la mort.

Si un homme a la possibilité soit d’aller dans la bataille soit de s’y soustraire, s’il décide d’y aller, s’il fait des démarches en ce sens, s’il réussit, s’il est sous le feu, s’il est envoyé à une mission extrêmement périlleuse, s’il est tué ; il est presque certain qu’à un moment quelconque de cette marche au devoir, la crainte de la mort se lèvera dans l’âme et sera combattue. Le moment peut être situé à n’importe quel point de cette marche selon le tempérament et selon la nature de l’imagination. C’est seulement à l’approche de ce moment que le désir de s’exposer à la mort est devenu réel.

Il en est de même pour le désir du contact avec Dieu. Tant qu’il n’est pas encore réel, il laisse l’âme dans le repos.

Mais quand les conditions d’un véritable sacrement existent et que le sacrement va avoir lieu, l’âme se sépare.

Une partie de l’âme, qui peut sur le moment être imperceptible à la conscience, aspire au sacrement ; elle est la part de la vérité dans l’âme ; car « celui qui fait la vérité va à la lumière ».

Mais toute la partie médiocre de l’âme répugne au sacrement, le hait et le craint beaucoup plus que la