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avec le pain, le désir de contact avec Dieu, qui était seulement une velléité, passe par l’épreuve du réel.

De ce fait même, et parce que, dans ce domaine, désirer est l’unique condition pour recevoir, il y a entre l’âme et Dieu un contact réel.

Dans les choses d’ici-bas, la croyance est productrice d’illusion. C’est seulement à l’égard des choses divines et au moment où une âme a son désir et son attention tournés vers Dieu que la croyance a pour vertu de produire du réel, et cela par l’effet du désir. La croyance productrice de réalité a pour nom la foi.

La grâce est à la fois ce qui nous est le plus extérieur et le plus intérieur. Le bien ne nous vient pas du dehors, mais il ne pénètre en nous que le bien auquel nous consentons. Le consentement n’est réel qu’au moment où la chair le rend tel par un geste.

Nous ne pouvons nous transformer nous-mêmes, nous ne pouvons qu’être transformés, mais nous ne pouvons l’être que si nous voulons bien. Un morceau de matière n’a pas la vertu de nous transformer. Mais si nous croyons qu’il l’a par le vouloir de Dieu, et que pour ce motif nous le fassions entrer en nous, nous accomplissons réellement un acte d’accueil envers la transformation souhaitée, et de ce fait elle descend sur l’âme du haut du ciel. Par là le morceau de matière avait la vertu supposée.

Le sacrement est un arrangement qui correspond d’une manière irréprochable, parfaite, au double caractère de l’opération de la grâce, à la fois subie et consentie, et à la relation de la pensée humaine avec la chair.