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ne veut pas dire qu’il est un bien de la chair. Il est par rapport à la chair le bien absolu de l’esprit.

Une convention relative aux choses d’ici-bas peut être conclue et ratifiée entre hommes, ou entre un homme et lui-même.

Une convention relative au bien absolu ne peut être ratifiée que par Dieu.

(Cette idée de ratification divine est, dans le canon de la messe, ce qui précède immédiatement la Consécration.)

Une ratification divine implique nécessairement une révélation directe de Dieu, et peut-être même implique-t-elle nécessairement l’Incarnation.

Seules peuvent être signes de Dieu les choses qui ont été établies comme telles par Dieu.

Par une convention établie par Dieu entre Dieu et les hommes, un morceau de pain signifie la personne du Christ. Dès lors, du fait qu’une convention ratifiée par Dieu est infiniment plus réelle que la matière, sa réalité de pain, tout en demeurant, devient simple apparence relativement à la réalité infiniment plus réelle que constitue sa signification.

Dans les conventions établies entre hommes, la signification d’une chose a moins de réalité que la matière qui la compose. Dans une convention établie par Dieu, c’est le contraire. Mais la signification divine l’emporte infiniment plus en degré de réalité sur la matière que ne fait la matière sur la signification humaine.

Si on croit que le contact avec le morceau de pain est un contact avec Dieu, en ce cas, dans le contact