Page:Weil - Pensées sans ordre concernant l’amour de DIeu, 1962.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous le recevons infailliblement, à une seule condition. La condition est le désir. Mais non pas le désir d’un bien partiel.

Seul le désir dirigé directement sur le bien pur, parfait, total, absolu, peut mettre dans l’âme un peu plus de bien qu’il n’y en avait avant. Quand une âme se trouve dans cet état de désir, son progrès est proportionnel à l’intensité du désir et au temps.

Mais seuls les désirs réels agissent. Le désir de bien absolu, lui aussi, est efficace pour autant et seulement pour autant qu’il est réel.

Mais les mouvements et attitudes du corps ne pouvant avoir d’objets qu’ici-bas, comment pourrait-il y avoir pour ce désir passage dans l’état de réalité à travers la chair ?

Cela est impossible.

Là où il est certain qu’une chose indispensable au salut est impossible, il est certain qu’il existe réellement une possibilité surnaturelle.

Pour tout ce qui concerne le bien absolu et le contact avec lui, la preuve par la perfection (parfois faussement nommée preuve ontologique) est non seulement valable, mais la seule valable. Cela résulte immédiatement de la notion même de bien. Elle est au bien ce qu’est à la nécessité la démonstration géométrique.

Pour que le désir de bien absolu passe à travers la chair, il faut qu’un objet d’ici-bas soit par rapport à la chair le bien absolu, à titre de signe et par convention.

Qu’il soit le bien absolu par rapport à la chair, cela