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THÉORIE DES SACREMENTS

La nature humaine est ainsi agencée qu’un désir de l’âme, tant qu’il n’a pas passé à travers la chair au moyen d’actions, de mouvements, d’attitudes qui lui correspondent naturellement, n’a pas de réalité dans l’âme. Il n’y est que comme un fantôme. Il n’agit pas sur elle.

Sur cet agencement est fondée la possibilité d’un certain contrôle de soi au moyen de la volonté, par la liaison naturelle entre la volonté et les muscles.

Mais si l’exercice de la volonté peut, dans une mesure d’ailleurs limitée, empêcher l’âme de tomber dans le mal, il ne peut pas par lui-même augmenter dans l’âme la proportion du bien à l’égard du mal.

Si on n’a pas assez d’argent à son gré dans son portefeuille, il faut aller en chercher davantage dans une banque. Ce n’est pas chez soi qu’on le trouvera, puisqu’il y manque.

Le bien que nous n’avons pas en nous, nous ne pouvons pas, quelque effort de volonté que nous fassions, nous le procurer. Nous ne pouvons que le recevoir.