L’essentiel était cette idée, qui a, nous dit-on, préoccupé pendant quelque temps tous les Américains, de substituer à la classe capitaliste une autre classe dirigeante, qui n’aurait été autre que cette bureaucratie industrielle signalée par Fried.
Ces courants de pensée absolument nouveaux, propres à l’après-guerre, et qui se sont développés avec la crise actuelle, doivent nous porter à examiner ce qu’est devenu, de nos jours, le procès de la production industrielle. Et nous devons reconnaître que les deux catégories économiques établies par Marx, capitalistes et prolétariat, ne suffisent plus à saisir la forme de la production. Les capitalistes se sont de plus en plus détachés de la production elle-même, pour se consacrer à la guerre économique. Le premier roi du pétrole, Rockefeller, a conquis sa suprématie par une trouvaille d’ordre industriel, les pipe-lines ; le second, Deterding, n’a été le concurrent heureux de Rockefeller que grâce à des coups de bourse et à des manœuvres financières. Cette succession est symbolique.
Caste ou classe, la bureaucratie est un facteur nouveau dans la lutte sociale. Elle a transformé, en U.R.S.S., la dictature du prolétariat en une dictature exercée par elle-même, et dirige depuis lors les ouvriers révolutionnaires du monde entier. En Allemagne au contraire elle s’est alliée au capital financier pour l’extermination des meilleurs ouvriers. On peut dire que dans aucun des deux cas elle n’a joué un rôle indépendant ; mais, tant que la féodalité a duré, la bourgeoisie aussi a dû s’allier avec les classes opprimées contre elle, ou avec elle contre les classes opprimées. Ce qui est grave, c’est que nulle part les ouvriers ne sont organisés d’une manière indépendante. Les communistes obéissent à cette bureaucratie russe, aussi