facteur essentiel de la production a été à peu près supprimée par la rationalisation ; à présent un régleur se charge de disposer une certaine quantité de machines selon les exigences du travail à exécuter et le travail est accompli sous ses ordres par des manœuvres spécialisés, capables seulement de faire fonctionner un type de machine et un seul par des gestes toujours identiques et auxquels l’intelligence n’a aucune part. Ainsi l’usine est partagée, actuellement, en deux camps nettement délimités, ceux qui exécutent le travail sans y prendre à proprement parler aucune part active, et ceux qui dirigent le travail sans rien exécuter. Entre ces deux fractions de la population d’une entreprise, la machine elle-même constitue une barrière infranchissable. En même temps, le développement du système des sociétés anonymes a établi une barrière, à vrai dire moins nette, entre ceux qui dirigent l’entreprise et ceux qui la possèdent. Un homme comme Ford, à la fois capitaliste et chef d’entreprise, apparaît de nos jours comme une survivance du passé, ainsi que l’a remarqué l’économiste américain Pound. « Les entreprises », écrit Palewski dans un livre paru en 1928, « tendent de plus en plus à échapper des mains de ces capitaines d’industrie, chefs et possesseurs primitifs de l’affaire… L’ère des conquérants tend peu à peu à n’être que le passé. Nous arrivons à l’époque qu’on a pu appeler l’ère des techniciens de la direction, et ces techniciens sont aussi éloignés des ingénieurs et des capitalistes que les ouvriers. Le chef n’est plus un capitaliste maître de l’entreprise, il est remplacé par un conseil de techniciens. Nous vivons encore sur ce passé si proche et l’esprit a quelque peine à saisir cette évolution. »
Ici encore il s’agit d’un phénomène que Marx avait aperçu. Seulement, tandis qu’au temps de Marx le personnel administratif de l’entreprise n’était guère qu’une équipe d’employés au service des capitalistes,