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cées comme des faits, n’ont rigoureusement aucun sens.

La valeur de ces propositions est absolument différente de la vérité enfermée dans l’énoncé exact d’un fait (exemple : Salazar est chef du gouvernement portugais) ou d’un théorème géométrique.

Cette valeur n’est pas à rigoureusement parler de l’ordre de la vérité, mais d’un ordre supérieur ; car c’est une valeur non saisissable par l’intelligence, sinon indirectement, par les effets. Et la vérité, au sens strict, est du domaine de l’intelligence.

25o Les miracles ne sont pas des preuves de la foi (proposition frappée d’anathème par je ne sais quel concile).

Si les miracles constituent des preuves, ils prouvent trop. Car toutes les religions ont et ont toujours eu leurs miracles, y compris les sectes les plus étranges. Il est question de morts ressuscités dans Lucien. Les traditions hindoues sont pleines de telles histoires, et on dit qu’aujourd’hui encore, en Inde, les miracles sont des événements sans intérêt à cause de leur banalité.

Affirmer ou que les miracles chrétiens