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quant au bien, personne ne se contente d’en posséder l’apparence. Tous en cherchent la réalité. En cette matière, chacun méprise la simple opinion. Le bien est ce que cherche toute âme, ce pourquoi elle agit, pressentant qu’il est quelque chose de réel, mais incertaine et incapable de saisir suffisamment ce qu’il est ; et elle ne peut sur ce point avoir comme en d’autres matières une croyance ferme[1].)

(Il faut plus qu’une croyance…)


Socrate dit qu’il va expliquer le bien par une image.

République. Comparaison entre le bien et le Soleil. (Remarquer que le Soleil était une image de Dieu pour les Égyptiens ; et qu’au Pérou, avant que les Espagnols n’aient découvert et anéanti ce pays, on adorait comme unique divinité le Soleil, regardé comme le symbole de Dieu, qu’on considérait comme trop élevé pour être l’objet d’un culte direct.)


« Il y a beaucoup de choses belles, de choses bonnes et ainsi de suite. Mais le beau lui-même, le bien lui-même, et ainsi de suite, quand nous en parlons, nous établissons ce qu’est chacune de ces choses selon l’idée unique d’une essence unique. Les choses, nous les voyons, nous ne les concevons pas (νοεῖσθαι). Les idées, nous les concevons, nous ne les voyons pas. Les choses visibles, nous les voyons par la vue. Mais quand il y a le visible et la vue, il manque quelque chose. Que l’œil possède la vue et essaie de s’en servir, que les objets possèdent la couleur, pourtant l’œil ne verra pas et les couleurs ne seront pas vues s’il n’y a pas une troisième chose destinée précisément à la vision, à savoir la lumière… Le soleil n’est pas la vue. Il n’est pas l’organe de la vue que nous nommons cil. Mais de tous les organes des sens l’œil est ce qu’il y a de plus semblable au soleil. »


Parenthèse sur νοῦς et νοητός :


  1. République, VI, 505 d-e.