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C’est par là qu’ils coururent, fuyant, et l’autre derrière poursuivant


Toute l’Iliade est sous l’ombre du malheur le plus grand qui soit parmi les hommes, la destruction d’une cité. Ce malheur n’apparaîtrait pas plus déchirant si le poète était né à Troie. Mais le ton n’est pas différent quand il s’agit des Achéens qui périssent bien loin de la patrie.

Les brèves évocations du monde de la paix font mal, tant cette autre vie, cette vie des vivants, apparaît calme et pleine :


Tant que ce fut l’aurore et que le jour monta,
Des deux côtés les traits portèrent, les hommes tombèrent.
Mais à l’heure même où le bûcheron va préparer son repas
Dans les vallons des montagnes, lorsque ses bras sont rassasiés
De couper les grands arbres, et qu’un dégoût lui monte au cœur,
Et que le désir de la douce nourriture le saisit aux entrailles,
À cette heure, par leur valeur, les Danaens rompirent le front.


Tout ce qui est absent de la guerre, tout ce que guerre détruit ou menace est enveloppé de poésie dans l’Iliade ; les faits de guerre ne le sont jamais. Le passage de la vie à la mort n’est voilé par aucune réticence :


Alors sautèrent ses dents ; il vint des deux côtés
Du sang aux yeux ; le sang que par les lèvres et les narines
Il rendait, bouche ouverte ; la mort de son noir nuage l’enveloppa.


La froide brutalité des faits de guerre n’est déguisée par rien, parce que ni vainqueurs ni vaincus ne sont admirés, méprisés ni haïs. Le destin et les dieux