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Et à mes frères qui, si nombreux et si braves,
Tomberont dans la poussière sous les coups des ennemis,
Qu’à toi, quand l’un des Grecs à la cuirasse d’airain
Te traînera toute en larmes, t’ôtant la liberté.
....................
Mais moi, que je sois mort et que la terre m’ait recouvert
Avant que je t’entende crier, que je te voie traînée !


Que n’offrirait-il pas à ce moment pour écarter des horreurs qu’il croit inévitables ? Mais il ne peut rien offrir qu’en vain. Le surlendemain les Grecs fuient misérablement, et Agamemnon même voudrait reprendre la mer. Hector qui, en cédant peu de choses, obtiendrait alors facilement le départ de l’ennemi, ne veut même plus lui permettre de partir les mains vides :


Brûlons partout des feux et que l’éclat en monte au ciel
De peur que dans la nuit les Grecs aux longs cheveux
Pour s’enfuir ne s’élancent au large dos des mers
Que plus d’un ait un trait même chez lui à digérer,
...... afin que tout le monde redoute
De porter aux Troyens dompteurs de chevaux la guerre qui fait pleurer.


Son désir est réalisé ; les Grecs restent ; et le lendemain, à midi, ils font de lui et des siens un objet pitoyable :


Eux, à travers la plaine ils fuyaient comme des vaches
Qu’un lion chasse devant lui, venu au milieu de la nuit
Ainsi les poursuivait le puissant Atride Agamemnon,
Tuant sans arrêt le dernier ; eux, ils fuyaient.


Dans le cours de l’après-midi, Hector reprend le dessus, recule encore, puis met les Grecs en déroute, puis est repoussé par Patrocle et ses troupes fraîches. Patrocle, poursuivant son avantage au delà de ses forces, finit par se trouver exposé, sans armure et blessé, à l’épée d’Hector, et le soir Hector victorieux