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(ce qui n’implique pas qu’elle manquât à la pensée du poète).


Phérékydes (Syrien, maître de Pythagore).


Proclus : ὁ Φερεκύδης ἔλεγεν εἰς Ἔρωτα μεταβεβλῆσθαι τὸν Δία μέλλοντα δημιουργεῖν, ὅτι δὴ τὸν κόσμον ἐκ τῶν ἐναντίων συνιστὰς εἰς ὁμολογίας καὶ φιλίαν ἤγαγε καὶ ταυτότητα πᾶσιν ἐνέσπειρε καὶ ἕνωσιν τὴν δι’ ὅλων διήκουσαν.


« Zeus, étant sur le point de créer, s’est changé en Amour ; car en composant l’ordre du monde à partir des contraires, il l’a conduit à l’accord et à l’amitié, et il a semé en toutes choses l’identité et cette unité qui s’étend à travers tout[1]. »


N. B. Il y a sur ce Phérékydes un texte extraordinaire de Clément d’Alexandrie, qui à la fois confirme étrangement mon hypothèse sur les fils de Noé, et jette un jour singulier qui pourrait être utilisé dans la propagande — sur l’origine de l’Yggdrasil des mythologies nordiques :


« Phérékydes le Syrien a dit : « Zeus fit une grande et belle étoffe et y broda la Terre et l’Océan, et les demeures de l’Océan… Isodoros [un gnostique contemporain] … enseignait ce que sont le chêne ailé et le voile brodé qui s’y trouve suspendu, allégories que Phérékydes a mises dans sa théologie et dont il a emprunté le fondement à la prophétie de Cham[2]. »


Suidas dit que Phérékydes est parvenu à la sagesse sans avoir eu de maître, mais par la connaissance des Écritures secrètes des Phéniciens[3].

Il semble donc tout indiqué de supposer que ces Écritures contenaient une prophétie de Cham.

Peut-être les peuples que la Genèse nomme

  1. Diels, I, 48, fr. 3.
  2. Ibid., 47, fr. 2.
  3. Ibid., 44, lignes 17-18.