mon pouvoir pour moi ; si je le désire, je l’obtiens. Je suis alors un abcès du monde.
Vœux dans le folklore : les désirs ont cela de dangereux qu’ils sont exaucés.
Désirer que le monde ne soit pas, c’est désirer que moi, tel que je suis, je sois tout.
Puisse l’univers tout entier, depuis ce caillou à mes pieds, jusqu’aux plus lointaines étoiles, exister pour moi à tout moment autant qu’Agnès pour Arnolphe ou la cassette pour Harpagon.
Si je veux, le monde peut m’appartenir comme le trésor à l’avare.
Mais c’est un trésor qui ne s’accroît pas.
Ce « je » irréductible qui est le fond irréductible de ma souffrance, le rendre universel.
Qu’importe qu’il n’y ait jamais de joie en moi, puisqu’il y a perpétuellement joie parfaite en Dieu ! Et de même pour la beauté, l’intelligence et toutes choses.
Désirer son salut est mauvais, non parce que c’est égoïste (il n’est pas au pouvoir de l’homme d’être égoïste), mais parce que c’est orienter l’âme vers une simple possibilité particulière et contingente, au lieu de la plénitude de l’être, au lieu du bien qui est inconditionnellement.