et le caractère divin de quelque chose les rendait plus exigeants à l’égard de l’exactitude. (Nous faisons exactement le contraire, déformés que nous sommes par l’habitude de la propagande.) C’est parce qu’ils ont vu dans la géométrie une révélation divine qu’ils ont inventé la démonstration rigoureuse…
Il faut, dans le domaine des rapports entre l’homme et le surnaturel, chercher une précision plus que mathématique ; cela doit être plus précis que la science[1].
Le rationnel au sens cartésien, c’est-à-dire le mécanisme, la nécessité humainement représentable, doit être supposé partout où on le peut, afin de mettre en lumière ce qui lui est irréductible.
L’usage de la raison rend les choses transparentes à l’esprit. Mais on ne voit pas le transparent. On voit l’opaque à travers le transparent, l’opaque qui était caché quand le transparent n’était pas transparent. On voit ou les poussières sur la vitre, ou le paysage derrière la vitre, mais jamais la vitre elle-même. Nettoyer la poussière ne sert qu’à voir le paysage. La raison ne doit exercer sa fonction que pour parvenir aux vrais mystères, aux vrais indémontrables qui sont le réel. L’incompris cache l’incompréhensible, et pour ce motif doit être éliminé.
- ↑ C’est là encore une de ces contradictions qui ne se dénouent que dans l’ineffable : la vie mystique, qui ne relève que de l’arbitraire divin, est pourtant soumise à des lois rigoureuses. Saint Jean de la Croix a pu donner un schéma géométrique de l’itinéraire de l’âme vers Dieu. (Note de l’Éditeur).