Une patience capable de lasser Dieu procède d’une humilité infinie.
L’humilité nous donne pouvoir sur Lui. Seul le néant parfaitement vide peut épouser l’être parfaitement compact. Par l’humilité seule nous pouvons être parfaits comme notre Père.
Il y faut un cœur complètement broyé.
Une prière par gestes, telle que celle de la fourmi qui monte et retombe, est plus humble encore qu’une prière par parole ou cris même intérieurs ou par une direction silencieuse du désir. C’est savoir qu’on ne peut rien, et pourtant s’épuiser en efforts connus comme inutiles, dans l’humble attente du jour où peut-être cela sera remarqué par la Puissance qu’on n’ose pas implorer.
Il n’y a pas d’attitude de plus grande humilité que l’attente muette et patiente. C’est l’attitude de l’esclave prêt à n’importe quel ordre du maître, ou à l’absence d’ordre.
L’attente est la passivité de la pensée en acte.
L’attente est transmutatrice de temps en éternité.
« Ils porteront des fruits dans l’attente. »
La superbe de la chair consiste à croire qu’elle a prise sur l’avenir, que la faim lui donne un droit à manger prochainement, la soif un droit à boire prochainement. La privation la détrompe et lui fait éprouver sous forme d’angoisse l’incertitude de l’avenir, l’absence de prise, l’impuissance totale de l’homme sur l’avenir même prochain.
Le cri de l’orgueil, c’est « l’avenir est à moi », sous quelque forme que ce soit.
L’humilité est la connaissance de la vérité contraire.
Si le présent seul est à moi, je suis néant, car le présent est néant.
Le pain transcendant est le pain d’aujourd’hui ; aussi est-ce la nourriture de l’âme humble.
Tous les péchés sont des essais pour fuir le temps. La vertu est de subir le temps, de presser le temps sur son cœur jusqu’à broyer le cœur. Alors on est dans l’éternel.