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que l’on sait faux, mais sans lesquels le péché serait impossible. Que faire à cet égard ?

Perfection du Père céleste vue dans l’ordre du monde : soleil et pluie, lis et oiseau.

Géants à la vie cachée. « Votre Père qui est dans le secret. »

« L’amitié est une égalité faite d’harmonie. » Charité pour les malheureux.

Test. Esp., etc. — Le malheur contraint à poser continuellement la question « pourquoi », la question essentiellement sans réponse. Ainsi par lui on entend la non-réponse. « Le silence essentiel… »

σωφροσύνη — pureté.

Le Fils séparé du Père par la totalité du temps et de l’espace, du fait qu’il a été fait créature ; ce temps qui est la substance de ma vie — et de même pour chacun — ce temps qui est si lourd dans la souffrance, est un segment de cette ligne tendue par la Création, l’Incarnation et la Passion entre le Père et le Fils.

Cercle. Deux points immédiatement voisins. Se touchent, et sont séparés par toute la circonférence. Héraclite.

Cercle infini. La circonférence est une droite. Les deux extrémités d’une droite infinie ne font qu’un seul point.

Ma vie est un segment de cette droite. Je suis une partie de la distance entre le Père et le Fils, de cette distance que traverse le Saint-Esprit. C’est ma misère elle-même qui fait de moi le réceptacle du Saint-Esprit. Pour devenir quelque chose de divin, je n’ai pas besoin de sortir de ma misère, je n’ai qu’à y adhérer. Mes péchés eux-mêmes me sont un secours à condition que je sache y lire toute l’étendue de ma misère. C’est tout au fond de ma misère que je touche Dieu.

La distance qui me sépare des êtres et des choses terrestres que j’aime est bénie, car elle est une image de la distance entre le Père et le Fils. Seulement une image ? Ou n’est-elle pas aussi une partie de cette distance même ?

(Elle est aussi du temps.)