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La science pure est une contemplation de l’ordre du monde comme nécessité.

La nécessité n’apparaît que dans la démonstration.

Parenté évidente entre la notion de nécessité et l’obéissance. Le rapport de maître à esclave, c’est la nécessité dans les relations humaines.

Parenté entre la nécessité et la certitude.

C’est à cause de leur foi — foi inspirée par l’amour du Christ — que les Grecs ont eu cette faim de certitude qui leur a fait inventer la démonstration géométrique. C’est parce que leur mathématique était une théologie qu’ils y voulaient une certitude.

La marche de la caverne est faite pour nous, aujourd’hui.

Que cette nécessité mathématique soit la substance du monde — c’est le sceau de notre Père, le témoignage que la nécessité a été dès l’origine vaincue par une persuasion sage.

À contempler encore.

Avant de descendre dans les catacombes, le christianisme doit montrer qu’il est catholique. Il n’y a pas le point de vue chrétien et les autres, mais la vérité et l’erreur. Non pas : ce qui n’est pas chrétien est faux, mais : tout ce qui est vrai est chrétien.

La conception des relations entre le naturel et le surnaturel est la grande erreur du xiiie siècle, qui a préparé la Renaissance.

Orienter la science vers l’obéissance et non vers le pouvoir. Mais cette orientation est celle de la science pure, qui est contemplation de la nécessité.

La puissance est l’obéissance dégradée.

Il n’y a que le christianisme et l’idolâtrie. Et sous divers aspects, le social est la seule idole.

(Et Gide, le surréalisme, etc. ? Le moi aussi peut être idole.)

Le social et le moi sont les deux idoles.


L’« égalité géométrique » rend égal à Dieu. Et ce malheureux Calliclès qui veut seulement acquérir toujours davantage !