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ment est-ce que ces gens croient qu’ils sont chrétiens ? On pourrait leur demander si la justice a amené l’homme et Dieu à égalité avant qu’il puisse y avoir union d’amour. Si le Samaritain n’a pas eu un mouvement d’amitié vers l’homme tombé aux mains des voleurs.

Aristote est le mauvais arbre qui ne porte que des fruits pourris. Comment ne le voit-on pas ?

Les Pythagoriciens disaient : « L’amitié est une égalité faite d’harmonie » et « il y a harmonie entre les choses qui ne sont pas semblables, ni de même nature, ni de même rang. » L’amitié est l’égalité qui résulte de la médiation,

« L’amour… fait les égalités et ne les cherche pas » (Rotrou).

Si Maritain, saint Thomas et Aristote avaient raison, comment le Christ aurait-il jamais pu nommer les disciples ses amis ?

« Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique. »

Tout le christianisme est absolument contraire à cette pensée.


Quelque chose de mystérieux dans cet univers est complice de ceux qui n’aiment que le bien.


Le fils aîné de la parabole de l’enfant prodigue — si c’était la matière, qui n’a jamais désobéi ?

Mais après tout les anges — les puissances, les dominations, etc. — n’y a-t-il pas dans le Nouveau Testament des passages qui semblent indiquer que c’est la matière ; les forces physiques à l’œuvre dans le monde ? Ce que confirmerait leur similitude avec les dieux de la mythologie grecque. De même les dieux hindous.

Quand on se met à genoux, à la messe, pour dire « Sanctus, sanctus, sanctus… » on prend part au chœur des voix de tout l’univers.

(Dans l’Ancien Testament [Psaumes] aussi, il y a des passages où les messagers de Dieu apparaissent comme étant les forces de la nature.)