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C’est un exemple d’une liaison qui est universelle.

Quand on a compris comment par ce mécanisme de minuscules fautes privées deviennent des crimes publics, il n’y a plus de minuscules fautes privées. On ne peut plus commettre que des crimes.

C’est effrayant, car on en commet.

Il faut se sentir perpétuellement criminel tant qu’on n’a pas la perfection, et crier de toute son âme continuellement dans le silence pour l’obtenir, jusqu’à ce que la mort mette fin à cette torture, ou que Dieu, excédé, envoie la perfection.

Quand on est à ce degré de compréhension, on est réellement — à l’exception de ceux qui se trouvent pareillement disposés — le plus criminel des êtres humains. Car toutes les petites défaillances sont réellement des crimes, dès lors qu’on a été clairement contraint par la raison à les regarder comme telles. Les grands criminels commettent peu de crimes. On commet beaucoup de petites défaillances. C’est-à-dire, si on a su une fois les reconnaître pour ce qu’elles sont, qu’on commet chaque jour beaucoup de crimes.

L’unique remède est d’en être malheureux jusqu’à ce que Dieu soit pris de pitié. Car la volonté humaine, si tendue soit-elle, n’approche pas de la perfection.


Si aujourd’hui un homme se vendait comme esclave à un autre, la convention serait juridiquement nulle, parce que la liberté, étant sacrée, est inaliénable.

En mettant la propriété avec la liberté parmi les choses sacrées, les gens de 1789, si les mots ont un sens, la déclaraient inaliénable et la soustrayaient au trafic.

Mais les faits ont montré que les mots n’ont pas de sens.


Avec la conception actuelle de la science, quels peuvent en être les mobiles ? Dès lors, constitue-t-elle un bien ou un mal, ou un mélange, et à quel dosage ?

Analyse du bien et du mal par les mobiles.

Appliquer cette méthode à toutes choses.