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Les pierres précieuses aussi sont des unions d’eau et de feu.

La pierre qui donne à manger, le Graal provençal, équivalent de l’Eucharistie. Le Christ aussi est à la fois une pierre et du pain.

Il a dû y avoir des cultes où une pierre précieuse était adorée.

Dans tout objet auquel beaucoup d’hommes se sont adressés avec des sentiments intenses s’installe un pouvoir. Adorer ce pouvoir, c’est de l’idolâtrie. L’adoration vraie consiste à contempler l’objet comme étant rendu divin du fait d’une convention ratifiée par Dieu.

Mais les Juifs qui priaient au Temple et non ailleurs étaient aussi « idolâtres » que les païens.

De même que tout assemblage de syllabes peut par convention être le nom de Dieu, de même tout morceau de matière peut par convention enfermer la présence de Dieu. On peut ainsi par convention prononcer, entendre, voir, toucher, manger Dieu.

De cette manière seulement le conflit entre la partie de l’âme qui désire la présence de Dieu et la partie qui en a horreur peut être arbitré par la balance du corps.

La présence réelle de Dieu est constatée par la révolte de toute la partie médiocre de l’âme.

La présence de Dieu coupe l’âme en deux, le bien d’un côté, le mal de l’autre. C’est un glaive. Rien d’autre n’opère cet effet. Cette présence est donc constatable.

Dieu est le Bien. Ce n’est ni une chose, ni une personne, ni une pensée. Pourtant pour le saisir nous devons le concevoir comme une chose, une personne et une pensée.

L’Amour consent à tout et ne commande qu’à ceux qui y consentent. L’Amour est abdication. Dieu est abdication.

Le bien n’est jamais produit par le mal, mais le mal est en un sens produit par le bien.

Le mal est entre Dieu et nous ; l’amour doit passer par-dessus.

L’Amour consent à être haï.

Dieu permet au mal d’exister. Nous devons en faire