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du mal pur, et saint Augustin dit que le mal pur est néant.

C’est pourquoi aussi je veux croire que les animaux ne souffrent pas.

Dieu nous permet de porter notre amour vers lui de deux manières, à travers la beauté et à vide.

Nous devons chérir, dans tout le passé, l’accomplissement de la volonté de Dieu. Dans l’avenir, l’espérance du bien pur envoyé par Dieu sous forme d’inspiration à ses créatures pensantes. Le présent est intermédiaire. Il est objet non d’acceptation ni d’espérance, mais de contemplation. Contemplation de la Sagesse divine dans la beauté du monde où s’unissent les deux contraires, la nécessité et le bien. Les faits accomplis étaient nécessaires, on attend le bien à venir.

« Que se produise ta volonté », acceptation ; « que vienne ton royaume », espérance. « Que soit sanctifié ton nom », c’est seulement de la contemplation amoureuse, de l’admiration.

« Remets-nous nos dettes… »

Notre créancier est Dieu ; Dieu est aussi notre seul débiteur. Nous nous sentons frustrés d’un dû par tout événement contraire à nos désirs.

Mais la plus difficile des remises de dettes consiste à pardonner à Dieu nos péchés. Le sentiment de culpabilité est accompagné d’une sorte de rancune et de haine contre le Bien, contre Dieu, et c’est par ce mécanisme que le crime est nuisible à l’âme.

Les crimes non accompagnés d’un sentiment même fugitif de culpabilité ne nuisent pas à l’âme. Mais cela ne peut se produire que dans certains états de l’âme qui sont des maladies morales.

Ces crimes nuisent dès qu’il y a convalescence, car alors le sentiment de culpabilité surgit et est refoulé.


Dieu lui-même ne peut faire que ce qui a été n’ait pas été. Quelle meilleure preuve que la création est une abdication ?

Quelle plus grande abdication de Dieu que le temps ?

Nous sommes abandonnés dans le temps.