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+ 2 fr. 70 = 11 fr. 70 en 4 h. Loin de me rattraper, c’est encore de 30 c. (soit 60 pièces) au-dessous de la vitesse réglementaire. Et j’y ai mis toute mon énergie… Me suis endormie trop tard, c’est vrai.

Ai fait en tout : 4 400.

Après-midi et dimanche pénibles : maux de tête — mal dormi, mon unique nuit [inquiétudes…].




Septième semaine.


Lundi 14.Id. force encore plus — acquiers continuité plus grande dans coups de pédale. En ai fait 10 150 à la fin, soit dans la journée 5 050, ou

22 fr. 50 + 3 fr. 75 = 26 fr. 25 en 8 h. ¾.
À peine 3 fr. l’h. (s’en ft de 60 cent.).

Je suis épuisée. Avec cela je ne me suis pas rattrapée ; car j’aurais dû faire les 10 000 pièces (45 fr.) en 15 h., et j’y ai mis 16 h. ¾.

À 5 h. ¾ ; arrête ma machine dans l’état d’âme morne et sans espoir qui accompagne l’épuisement complet. Cependant il me suffit de me heurter au gars chanteur du four qui a un bon sourire — de rencontrer le magasinier — d’entendre au vestiaire un échange de plaisanteries plus joyeux qu’à l’ordinaire — ce peu de fraternité me met l’âme en joie au point que pendant quelque temps je ne sens plus la fatigue. Mais chez moi, maux de tête…


Mardi 15. — 7 h.-7 h. ½ : id. — finis (restait 200 environ). Marque en tout 17 h. ½. Bon coulé, mais qui reste au dessus de 2 fr. 50.

Erre, un peu, vainement.

8 h… : colliers avec Biol. Très grosse presse (emboutisseuse) — pièces très lourdes (1 kg. ?). Il y en aura à faire 250. Payé 3 fr. 50 %. Ft graisser chaque pièce, et l’outil à chaque fois. Travail très dur : debout, pièces lourdes. Suis mal en point : mal aux oreilles, à la tête…

Incident avec la courroie, Mouquet-Biol.


Premier incident, le matin : Biol et Mouquet. On a arrangé la courroie de la machine avant que j’y travaille, mais mal, il faut croire ; car elle s’en va sur le côté. Mouquet la fait arrêter (Biol était fautif dans une certaine mesure, il aurait dû l’arrêter avant), et dit à Biol : « C’est