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de retrouver une âme qui lui permette une rentrée triomphale dans la guerre — triomphale non pas seulement militairement, mais aussi spirituellement — et une reconstruction de la patrie dans la paix.

En plus de la quantité, le problème du choix des actions est capital.

Il est capital à plusieurs égards, dont certains sont d’un tel niveau d’élévation et d’importance qu’il faut regarder comme désastreuse la compartimentation qui met ce domaine entièrement aux mains de techniciens de la conspiration.

D’une manière tout à fait générale, en toute espèce de domaine, il est inévitable que le mal domine partout où la technique se trouve soit entièrement soit presque entièrement souveraine.

Les techniciens tendent toujours à se rendre souverains, parce qu’ils sentent qu’ils connaissent leur affaire ; et c’est tout à fait légitime de leur part. La responsabilité du mal qui, lorsqu’ils y parviennent, en est l’effet inévitable incombe exclusivement à ceux qui les ont laissé faire. Quand on les laisse faire, c’est toujours uniquement faute d’avoir toujours présente dans l’esprit la conception claire et tout à fait précise des fins particulières auxquelles telle, telle et telle technique doit être subordonnée.

La direction imprimée de Londres à l’action menée en France doit répondre à plusieurs fins.

La plus évidente est la fin militaire immédiate, en ce qui concerne les renseignements et les sabotages.

À cet égard, les Français de Londres ne peuvent être que des intermédiaires entre les besoins de l’Angleterre et la bonne volonté des Français de France.

L’importance extrême de ces choses est évidente, si l’on se rend compte qu’il est de plus en plus clair que les communications bien plus que les batailles décideront de la guerre. Le couple locomotives-sabotage est symétrique du couple bateau-sous-marin. La destruction des locomotives vaut celle des sous-marins. La relation de ces deux espèces de destruction est celle de l’offensive à la défensive.

La désorganisation de la production n’est pas moins essentielle.

Le volume, la quantité de notre influence sur l’action menée en France dépend principalement des moyens matériels mis à