et périssent, quoiqu’elles soient belles seulement par participation à lui. C’est là la suprême consolation de tout mal. Aucun mal ne fait de mal à Dieu. Celui qui voit le beau absolu par le seul organe auquel il soit visible, c’est-à-dire l’amour surnaturel, met son trésor et son cœur hors d’atteinte de tout mal.
L’ordre des étapes énumérées par Platon peut surprendre. De la beauté sensible il passe à la beauté des âmes, c’est-à-dire la beauté morale, l’éclat de la vertu. Quand nous voulons louer une action qui nous a vraiment beaucoup touchés, nous ne disons pas « c’est bien » mais « c’est beau », et si les saints nous attirent c’est que nous sentons en eux de la beauté. La vertu ne nous touche qu’autant qu’elle est belle. L’analogie entre cette beauté et la beauté sensible est très mystérieuse. Un certain équilibre presque impossible à définir est le secret de l’une et de l’autre. Les lois et les institutions comportent un autre équilibre qui est comme à l’intersection de la vertu et de la nécessité naturelle. Mais il est presque impossible de deviner ce que Platon a exactement dans l’esprit : si c’est la cité comme métaphore, comme image grossie de l’âme, telle qu’elle est étudiée dans la République, ou une étude de l’harmonie propre aux rapports sociaux, telle qu’on la trouve dans la Politique. En tout cas, la notion pythagoricienne d’harmonie comme union des contraires et la combinaison de ce qui limite et de ce qui est illimité, doivent dominer ces trois études successives. Quant à la beauté dans les sciences, ce n’est pas autre chose, que la beauté de l’ordre du monde, saisi à travers la nécessité la plus rigoureuse, celle qui est la matière de la démonstration mathématique, car Platon nomme sciences la mathématique pure et appliquée. Il n’est pas étonnant que ce soit la dernière étape. Celui qui