L’Amour est dit chasseur redoutable, ce qui l’apparente à Artémis, mais l’apparente aussi à un autre qui rassemblait autour de lui les pêcheurs. Et Prométhée aussi a capturé la chasse, θηρῶπαι (v. 109), la source du feu.
L’Amour apparaît ici comme l’auteur de l’harmonie la plus complète, au sens pythagoricien, c’est-à-dire de l’unité entre les contraires les plus contraires possibles — à savoir Dieu et la misère.
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En résumé, tout désir est désir du bien et du bonheur… Il y a une doctrine qui dit que ceux qui cherchent la moitié d’eux-mêmes ce sont ceux-là qui aiment. Ma doctrine affirme que l’amour n’a pour objet ni la moitié ni le tout, à moins que par rencontre il ne soit bon. Car les hommes consentent à ce qu’on coupe leurs pieds et leurs mains, s’ils leur semblent mauvais. Je ne pense pas que chacun chérisse ce qui lui appartient, à moins qu’un homme ne nomme le bien ce qui lui est propre, ce qui lui appartient, et qu’il nomme le mal ce qui lui est étranger. Il n’y a pas d’autre objet d’amour pour les hommes, sinon le bien… En résumé, l’amour est ce par quoi on désire posséder perpétuellement le bien.
C’est là une réfutation du mythe d’Aristophane, le mythe de l’homme coupé en deux dont les moitiés se cherchent. Mais là encore il faut comprendre que les affirmations qui se contredisent sont vraies. La phrase qui semble contredire le mythe d’Aristophane en révèle souvent la véritable signification. Nous sommes bien des êtres incomplets, qui ont été coupés par violence, des fragments perpétuellement affamés de leur complément. Mais contrairement à ce que semblerait indiquer, selon la première apparence, le mythe d’Aristophane, ce complément ne peut pas être notre semblable. Ce complé-