originel. Nous n’avons pas à nous demander comment produire l’amour en nous, il est en nous, de la naissance à la mort, impérieux comme une faim, nous devons seulement savoir le diriger.
Le désir charnel est une forme dégradée de cette faim de plénitude. Cette forme apparaît chez ceux et celles qui sont des moitiés d’androgynes, il n’apparaît pas chez ceux et celles qui sont complètement masculins ou féminins. Ceci pourrait faire croire à une distinction des sexes dans l’état originel, mais comme Platon dit aussi que dans cet état il n’y avait pas d’union des sexes, que la génération s’opérait autrement, il est clair qu’il se représente cet état sans distinction des sexes, et que lorsqu’il répartit ces êtres rendus à deux visages et à quatre jambes en trois classes, mâles, femelles et androgynes, c’est simplement une manière de parler. Il appelle issus des androgynes ceux qui sont enclins au désir le plus bas. C’est dit explicitement : « Ceux qui sont des moitiés de ce que nous avons nommé androgynes aiment les femmes, et la plupart des adultères sont issus de cette espèce. De même celles des femmes qui aiment les hommes et sont adultères sont issues de cette espèce » (191 e). En parlant des hommes qui sont des moitiés de mâles complets, il désigne simplement ceux qui sont capables de chasteté. Cela aussi est dit explicitement : « On ne pourrait pas croire que c’est pour le commerce des plaisirs charnels qu’ils se réjouissent si ardemment d’être ensemble. » De même pour les femmes.
Tout ce discours d’Aristophane est obscur, d’une obscurité évidemment volontaire. Mais l’idée essentielle est manifestement celle-ci. Notre vocation est l’unité. Notre malheur est d’être en état de dualité, malheur dû à une souillure originelle d’orgueil et l’injustice. La division