cette vérité au centre de l’âme, de manière que tous les mouvements de l’âme s’ordonnent par rapport à elle, c’est imiter l’ordre du monde. Car alors ce qui dans l’âme est illimité, c’est-à-dire absolument tout ce que contient sa partie naturelle, reçoit une limite imprimée du dehors par Dieu présent en elle. Elle reste pleine des mêmes affections naturellement désordonnées, plaisirs et douleurs, peurs et désirs, de même qu’il y a dans le monde des étés très chauds et des hivers glacés, des tempêtes, des sécheresses : mais tout cela continuellement relié et soumis à un ordre absolument inaltérable.
La contemplation des rapports de quantité arithmétique et géométrique est très utile à cet effet, comme montrant que tout ce qui a part d’une manière quelconque à la quantité, c’est-à-dire non seulement la matière, l’espace, mais aussi tout ce qui est dans le temps et tout ce qui est susceptible de degré, est impitoyablement soumis à la limite par les chaînes de l’a nécessité.
Cette contemplation atteint tout son fruit quand l’ordonnance incompréhensible de ces rapports et les concordances merveilleuses qu’on y trouve font sentir que le même enchaînement qui est nécessité sur le plan de l’intelligence est beauté sur le plan immédiatement au-dessus et obéissance par rapport à Dieu.
Quand on a compris jusqu’au fond de l’âme que la nécessité est seulement une des faces de la beauté, l’autre face étant le bien, alors tout ce qui rend la nécessité sensible, contrariétés, douleurs, peines, obstacles, devient une raison supplémentaire d’aimer. Dans le peuple on dit, quand un apprenti s’est blessé, que c’est le métier qui lui rentre dans le corps. De même quand on a compris cela, on peut penser de toute douleur que c’est la beauté elle-même qui rentre dans le corps.