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ciel, il nous soulève au-dessus de la terre, parce que nous sommes une plante non pas terrestre, mais céleste. On peut parler ainsi correctement. Car de ce lieu d’où à l’origine a germé la naissance de l’âme, cet être divin tient suspendue notre tête, qui est notre racine, et maintient ainsi droit tout le corps.


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(Il faut) toujours être au service de cet être divin ; entretenir au rang qui lui convient l’être divin qui habite en soi-même.


Il n’y a jamais qu’une manière de servir un être, c’est de lui donner la nourriture et les mouvements qui lui sont propres. Les mouvements qui sont parents de l’être divin qui est en nous, ce sont les pensées et les mouvements circulaires de l’univers. Chacun doit s’attacher à les suivre, redresser les mouvements circulaires dans notre tête, relatifs aux choses qui passent, eux qui sont corrompus, en apprenant les harmonies et les mouvements circulaires de l’univers. Il faut faire ressembler ce qui contemple, comme l’exige son essence primitive, à ce qui est contemplé. Une fois la ressemblance atteinte, on possède l’accomplissement de la vie parfaite proposée aux hommes par les divinités pour l’existence présente et future.


En parlant des mouvements circulaires de l’univers, Platon ne pense pas seulement aux cycles du jour, du mois et de l’année, mais aussi aux notions qu’il leur unit dans son système de symboles, à savoir le Même et l’Autre ; c’est-à-dire identité et diversité, unité et multiplicité, absolu et relatif, bien pur et bien mélangé de mal, spirituel et sensible, surnaturel et naturel. Les étoiles tournent seulement parallèlement à l’équateur, le soleil tourne parallèlement à la fois à l’équateur et à l’écliptique ; de même dans ces couples de contraires, qui n’en font qu’un, le second terme n’est pas symétrique au pre-