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De Casablanca.
Chère S.,

Je vous envoie quatre choses.

D’abord une lettre personnelle pour le P. Perrin. Elle est fort longue et ne contient rien qui ne puisse attendre indéfiniment. Ne la lui envoyez pas ; donnez-la lui quand vous le verrez, et dites-lui de n’en prendre connaissance qu’un jour où il aura du loisir et de la liberté d’esprit.

Deuxièmement (sous enveloppe fermée, pour plus de commodité, mais vous l’ouvrirez, ainsi que les deux autres) le commentaire des textes pythagoriciens, que je m’avais pas eu le temps de finir, à joindre au travail que je vous avais laissé en partant. Ce sera facile, car c’est numéroté. C’est horriblement mal rédigé et mal composé, certainement très difficile à suivre en cas de lecture à haute voix, et beaucoup trop long pour être transcrit. Mais je ne peux que l’envoyer tel quel.

Troisièmement, j’ai mis encore la copie d’une traduction d’un fragment de Sophocle que j’ai trouvée parmi mes papiers. C’est le dialogue entier d’Électre et d’Oreste, dont j’avais transcrit seulement quelques vers dans le travail que vous avez. En le copiant, chaque mot a eu au centre même de mon être une résonance si profonde et si secrète que l’interprétation assimilant Électre à l’âme humaine et Oreste au Christ est presque aussi sûre pour moi que si j’avais moi-même écrit ces vers. Dites cela aussi au P. Perrin. En lisant ce texte il comprendra.

Lisez-lui aussi ce que voici ; j’espère du fond du cœur que cela ne lui fera pas de peine.

En achevant le travail sur les pythagoriciens, j’ai senti