celui du Christ. Elle consiste en ceci, que dans l’état de perfection, qui est la vocation de chacun de nous, nous ne vivons plus en nous-mêmes, mais le Christ vit en nous ; de sorte que par cet état le Christ dans son intégrité, dans son unité indivisible, devient en un sens chacun de nous, comme il est tout entier dans chaque hostie. Les hosties ne sont pas des parties de son corps.
Cette importance actuelle de l’image du Corps mystique montre combien les chrétiens sont misérablement pénétrables aux influences du dehors. Certainement il y a une vive ivresse à être membre du Corps mystique du Christ. Mais aujourd’hui beaucoup d’autres corps mystiques, qui n’ont pas pour tête le Christ, procurent à leurs membres des ivresses à mon avis de même nature.
Il m’est doux, aussi longtemps que c’est par obéissance, d’être privée de la joie de faire partie du Corps mystique du Christ. Car si Dieu veut bien m’aider je témoignerai que sans cette joie on peut néanmoins être fidèle au Christ jusqu’à la mort. Les sentiments sociaux ont aujourd’hui une telle emprise, ils élèvent si bien jusqu’au degré suprême de l’héroïsme dans la souffrance et dans la mort, que je crois bon que quelques brebis demeurent hors du bercail pour témoigner que l’amour du Christ est essentiellement tout autre chose.
L’Église aujourd’hui défend la cause des droits imprescriptibles de l’individu contre l’oppression collective, de la liberté de penser contre la tyrannie. Mais ce sont des causes qu’embrassent volontiers ceux qui se trouvent momentanément ne pas être les plus forts. C’est leur unique moyen de redevenir peut-être un jour les plus forts. Cela est bien connu.
Cette idée vous offensera peut-être. Mais vous auriez tort. Vous n’êtes pas l’Église. Aux périodes des plus atroces abus de pouvoir commis par l’Église, il devait y avoir dans le nombre des prêtres tels que vous. Votre bonne foi n’est pas une garantie, vous fût-elle commune avec