veux pas dire, bien entendu, que j’ai une préférence pour des ordres de ce genre. Je n’ai pas cette perversité.
Le christianisme doit contenir en lui toutes les vocations sans exception, puisqu’il est catholique. Par suite l’Église aussi. Mais à mes yeux le christianisme est catholique en droit et non en fait. Tant de choses sont hors de lui, tant de choses que j’aime et ne veux pas abandonner, tant de choses que Dieu aime, car autrement elles seraient sans existence. Toute l’immense étendue des siècles passés, excepté les vingt derniers ; tous les pays habités par des races de couleur ; toute la vie profane dans les pays de race blanche ; dans l’histoire de ces pays, toutes les traditions accusées d’hérésie, comme la tradition manichéenne et albigeoise ; toutes les choses issues de la Renaissance, trop souvent dégradées, mais non tout à fait sans valeur.
Le christianisme étant catholique en droit et non en fait, je regarde comme légitime de ma part d’être membre de l’Église en droit et non en fait, non seulement pour un temps, mais le cas échéant toute ma vie.
Mais ce n’est pas seulement légitime. Tant que Dieu ne me donnera pas la certitude qu’il m’ordonne le contraire, je pense que c’est pour moi un devoir.
Je pense, et vous aussi, que l’obligation des deux ou trois prochaines années, obligation tellement stricte qu’on ne peut presque y manquer sans trahison, est de faire apparaître au public la possibilité d’un christianisme vraiment incarné. Jamais, dans toute l’histoire actuellement connue, il n’y a eu d’époque où les âmes aient été tellement en péril qu’aujourd’hui à travers tout le globe terrestre. Il faut de nouveau élever le serpent d’airain pour que quiconque jette les yeux sur lui soit sauvé.
Mais tout est tellement lié à tout, que le christianisme ne peut être vraiment incarné que s’il est catholique, au sens que je viens de définir. Comment pourrait-il circuler