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la civilisation issue de Cham. Dans l’Iliade nous voyons les Crétois aux côtés des Achéens.

Mais Hérodote nous apprend que c’étaient de faux Crétois. C’étaient des Hellènes qui avaient peuplé peu auparavant l’île devenue presque déserte. Néanmoins, à leur retour, Minos irrité contre eux à cause de leur participation à cette guerre les frappa d’une peste. Au ve siècle la Pythie de Delphes interdit aux Crétois de se joindre aux Grecs dans les guerres médiques.

Cette guerre de Troie était bien l’entreprise de destruction de toute une civilisation. L’entreprise réussit.

Homère appelle toujours Troie « la sainte Ilion ». Cette guerre fut le péché originel des Grecs, leur remords. Par ce remords les bourreaux méritèrent d’hériter en partie de l’inspiration de leurs victimes.

Mais il est vrai aussi qu’excepté les Doriens, les Grecs étaient un mélange d’Hellènes et de Pélasges, mélange où les Hellènes étaient l’élément envahisseur, mais où en fait les Pélasges dominaient. Les Pélasges sont issus de Cham. Les Hellènes ont tout appris d’eux. Les Athéniens notamment, étaient presque de purs Pélasges.

Si on admet, selon une des deux hypothèses entre lesquelles se partagent les érudits, que les Hébreux sortirent d’Égypte au xiiie siècle, le moment de leur sortie est proche de l’époque de la guerre de Troie telle qu’elle est indiquée par Hérodote.

Dès lors une supposition simple se présente à l’esprit. C’est que le moment où Moïse jugea, avec ou sans inspiration divine, que les Hébreux avaient suffisamment erré dans le désert et pouvaient entrer en Palestine fut celui où le pays avait été vidé de ses guerriers par la guerre de Troie, les Troyens ayant appelé à l’aide des peuples même assez lointains. Les Hébreux, conduits par Josué, purent massacrer sans peine et sans avoir besoin de beaucoup de miracles des populations sans défenseurs. Mais un jour les guerriers partis pour Troie revinrent.