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que rien d’autre n’est jamais désiré sinon par erreur.

Le piège des pièges, le piège presque inévitable est le piège social. Partout, toujours, en toutes choses, le sentiment social procure une imitation parfaite de la foi. c’est-à-dire parfaitement trompeuse. Cette imitation a le grand avantage de contenter toutes les parties de l’âme. Celle qui désire le bien croit être nourrie. Celle qui est médiocre n’est pas blessée par la lumière. Elle est tout à fait à l’aise. Ainsi tout le monde est d’accord. L’âme est dans la paix. Mais le Christ a dit qu’il ne venait pas apporter la paix. Il a apporté le glaive, le glaive qui coupe en deux, comme dit Eschyle.

Il est presque impossible de discerner la foi de son imitation sociale. D’autant plus qu’il peut y avoir dans l’âme une partie de foi authentique et une partie de foi imitée. C’est presque impossible, mais non pas impossible.

Dans les circonstances présentes, repousser l’imitation sociale est peut-être pour la foi une question de vie et de mort.

La nécessité d’une présence parfaitement pure pour enlever les souillures n’est pas restreinte aux églises. Les gens viennent apporter leurs souillures dans les églises, et cela est très bien. Mais il serait bien plus conforme à l’esprit du christianisme qu’en plus de cela le Christ allât porter sa présence dans les endroits les plus souillés de honte, de misère, de crime et de malheur, dans les prisons, dans les tribunaux, dans les refuges de miséreux. Une séance de tribunal devrait commencer et finir par une prière commune des magistrats, de la police, de l’accusé, du public. Le Christ devrait ne pas être absent des lieux où l’on travaille, de ceux où l’on étudie. Tous les êtres humains devraient pouvoir, quoi qu’ils fassent, où qu’ils soient, avoir le regard fixé tout le long de chaque journée sur le serpent d’airain.

Mais aussi il devrait être reconnu publiquement, offi-