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plus hautes régions spirituelles est confirmée dans l’amour de la tradition qui lui a servi d’échelle.

Si l’imperfection de la religion natale est trop grande, ou si elle apparaît dans le milieu natal sous une forme trop corrompue, ou bien si les circonstances ont empêché de naître ou tué l’amour de cette religion, l’adoption d’une religion étrangère est légitime. Légitime et nécessaire pour certains ; non pas sans doute pour tous. Il en est de même à l’égard de ceux qui ont été élevés sans aucune pratique religieuse.

Dans tous les autres cas, changer de religion est une décision extrêmement grave, et il est encore bien plus grave de pousser un autre à le faire. Il est encore infiniment plus grave d’exercer en ce sens une pression officielle dans des pays conquis.

En revanche, malgré les divergences religieuses qui existent sur les territoires d’Europe et d’Amérique, on peut dire qu’en droit, directement ou indirectement, de près ou de loin, la religion catholique est le milieu spirituel natal de tous les hommes de race blanche.

La vertu des pratiques religieuses consiste dans l’efficacité du contact avec ce qui est parfaitement pur pour la destruction du mal. Rien ici-bas n’est parfaitement pur, sinon la beauté totale de l’univers, qu’il n’est pas en notre pouvoir de ressentir directement avant d’avoir beaucoup avancé vers la perfection. Cette beauté totale n’est d’ailleurs enfermée dans rien de sensible, quoiqu’elle soit sensible en un sens.

Les choses religieuses sont des choses sensibles particulières, existant ici-bas, et pourtant parfaitement pures. Non pas par leur manière d’être propre. L’église peut être laide, les chants faux, le prêtre corrompu et les fidèles distraits. En un sens cela n’a aucune importance. C’est ainsi que si un géomètre, pour illustrer une démonstration correcte, trace une figure où les droites sont tordues et les cercles allongés, cela n’a aucune impor-