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épouse, mais aussi d’un amour antérieur à cette visite. Car il s’agit d’une obligation permanente.

L’amour antérieur ne peut avoir Dieu pour objet, puisque Dieu n’est pas présent et ne l’a encore jamais été. Il a donc un autre objet. Pourtant il est destiné à devenir amour de Dieu. On peut le nommer amour indirect ou implicite de Dieu.

Cela est vrai même quand l’objet de cet amour porte le nom de Dieu. Car on peut dire alors, ou que ce nom est appliqué d’une manière impropre, ou que l’usage n’en est légitime qu’à cause du développement qui doit se produire.

L’amour implicite de Dieu ne peut avoir que trois objets immédiats, les trois seuls objets d’ici-bas où Dieu soit réellement, quoique secrètement présent. Ces objets sont les cérémonies religieuses, la beauté du monde, et le prochain. Cela fait trois amours.

À ces trois amours il faut peut-être ajouter l’amitié ; en toute rigueur, elle est distincte de la charité du prochain.

Ces amours indirects ont une vertu exactement, rigoureusement équivalente. Selon les circonstances, le tempérament et la vocation, l’un ou l’autre entre le premier dans une âme ; l’un ou l’autre domine au cours de la période de préparation. Ce n’est peut-être pas nécessairement le même tout au long de cette période.

Il est probable que dans la plupart des cas la période de préparation ne touche à sa fin, l’âme n’est prête à recevoir la visite personnelle de son Maître que si elle porte en elle à un degré élevé tous ces amours indirects.

L’ensemble de ces amours constitue l’amour de Dieu sous la forme qui convient à la période préparatoire, sous forme enveloppée.

Ils ne disparaissent pas quand surgit dans l’âme l’amour de Dieu proprement dit ; ils deviennent infiniment plus forts, et tout cela ne fait ensemble qu’un seul amour.