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bien plus encore que ce manque de nouvelles, c’était la pensée que vous n’en aviez peut-être pas de moi. Je suis rassurée là-dessus, puisque vous avez eu ma première lettre. Sans doute aurez-vous bientôt la seconde. J’espère que vous aviez reçu aussi mes télégrammes. J’en ai envoyé deux. En tout cas, si la correspondance va bien dans un sens, c’est le principal. Si vos lettres continuent à ne pas m’arriver, il faudra quelquefois me télégraphier — mais à intervalles assez longs pour que ce ne soit pas ruineux.

J’espère que c’est vrai que vous êtes « happy and perfectly well » ; mais je n’ose guère y croire.

D’après ce qu’on m’a dit ici, il n’y a presque aucune chance pour que vous puissiez venir. Il n’y a ici que deux catégories de médecins français : ceux qui étaient installés ici, avec droit d’exercer, avant la guerre — des anglo-français, en quelque sorte — et les médecins militaires, qui ne soignent que les militaires. C’est une lacune, car pour le personnel civil (dont je fais partie), absolument rien n’est prévu. Si on comblait cette lacune, si on organisait un ou plusieurs dispensaires pour Français civils, vous pourriez venir facilement. Mais je ne peux pas me mettre à essayer de faire organiser cela. Vous savez que j’ai peu d’éloquence et de pouvoir de persuasion ; et le peu que j’en ai, je pense devoir en disposer pour des choses d’un intérêt plus général et qui me touchent de moins près personnellement.

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J’ai malheureusement manqué M.-F. Il n’est à Londres que par intervalles, et je n’ai pu le joindre.

Quoique les milieux français ici aient naturellement beaucoup plus de cohésion qu’à New York, les occasions de se voir ne sont pas si nombreuses — d’autant que, comme vous pensez bien, je n’ai pas contracté d’habitudes mondaines. C’est peut-être un tort, mais