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LETTRES À SES PARENTS

16 décembre (1942)
Darlings,

Je vous écris de chez Mme R., qui m’a accueillie très, très gentiment. Je ne suis en liberté dans Londres que depuis quarante-huit heures. Je vous ai télégraphié hier. Dès l’arrivée, j’ai été mise dans un centre de triage avec interdiction absolue de téléphoner, écrire ou télégraphier. C’est le cas de tout le monde. On y passe en général de six à dix jours. Moi, je n’ai pas eu de chance (toujours Antigone !), j’y ai passé dix-huit jours et demi. On était d’ailleurs très gentil et les conditions très confortables.

Quant aux premiers contacts avec les Français d’ici, tout le monde a été très, très gentil pour moi. Schumann est chic au possible. C. m’a accueillie comme si on était copains depuis dix ans. Mes petits projets ne paraissent pas en bonne voie. Cela vous fera sans doute plaisir. Je ne sais pas encore du tout quel va être mon job, ni si je serai en civil ou en uniforme. Je campe provisoirement à la caserne des volontaires françaises.