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CHAPITRE VI

Le thé à l’embranchement.


Le matin se leva froid sur la lande détrempée où les perdrix couraient entre les ornières avec l’entrain de créatures délivrées d’un enchantement. Car l’hiver s’était retiré comme une vague lente et des places vertes brillaient ça et là ainsi que des vitraux éclairés par transparence. La ferme luisait de rouges profonds de joyaux, les meules prenaient un ton d’orge mûre et, sous son hâle, la figure de Robert était rose. Le vent qui soufflait du Nord-Ouest était coupant et glacé comme un iceberg. Les joues de Gillian la brûlaient quand elle grimpa dans le cabriolet et fit joyeusement des signes d’adieu à son père, très amusée de constater son trouble évident à voir qui la conduisait. Éclatante comme une rose rouge foncé avec une nuance de brun, elle éblouissait à travers sa voilette neuve et sous les plumes du canard défunt. La fourrure des lapins d’un brun gris lui allait bien. Elle s’était lavé les cheveux avec le shampooing de la ferme au jaune d’œuf battu, et ils luisaient d’un éclat très doux. Elle avait des gants