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d’hommes des cavernes de quelque race disparue, égarés dans la demeure d’une elfe.

Un soir, vers le milieu de janvier, ils étaient assis chacun d’un côté du feu. Mme  Makepeace était à la ferme pour aider Gillian à faire sa malle. Le dégel était venu, et le sentier du cottage à la ferme était parsemé de larges taches sombres là où la neige avait fondu. Le buisson de jasmin contre la porte montrait déjà des pointes vertes, et la dernière lueur qui s’attardait dans le ciel était verdâtre.

À travers la pièce, Robert regarda le ciel pâle, et le pélargonium à œil blanc qui, à côté de l’autre aux feuilles odorantes, se détachait sur le rideau de mousseline de la moitié inférieure de la fenêtre, répondit par un coup d’œil clair au sien. Il avait, pensa-t-il, quelque chose de Gillian dans son assurance pleine de réserve. En lui-même, il disait « pétulance » et « timidité », et il se mit à composer un poème à ce sujet, en fredonnant à mi-voix et tout en écorçant des chevilles pour tenir le chaume. Les branches qui lui servaient à cet usage étaient posées en tas sur le tapis en laines de couleurs vives, œuvre de Mme  Makepeace et qui portait au milieu le mot « Bienvenue ». Jonathan et lui employaient leurs couteaux de poche, grands et pratiques. Les pommes de terre du souper mijotaient doucement dans une marmite accrochée au-dessus des flammes, et d’un chaudron posé sur le bord plat de la grille s’exhalait une bonne odeur de légumes.

Jonathan, cessant de travailler, regarda Robert longuement, la bouche entr’ouverte.

— Alors, elle s’en va ?

Robert fit oui de la tête.

— La patronne d’ici, dit l’autre, avec un geste du pouce vers le tablier de sa femme pendu à la porte, me l’a donné à entendre.