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sept pour un secret…

Il s’étirait confortablement. Son long visage, énergique et charmant, paraissait heureux à la lueur du feu. Ses brodequins fumaient, le vent chargé de neige sifflait par rafales dans la cheminée. Gillian, grave et digne, avec ses cheveux bien coiffés, versait le thé et faisait les honneurs.

À travers ses cils, Robert l’observait, la voyait adorable, volontaire, distante, et souhaitait la conquérir, la posséder.

— Je vous serais obligée de ne pas me lancer des regards si féroces, fit-elle en riant.

— Moi, je vous serais obligé de me donner une autre tasse de thé et un morceau de cet excellent gâteau.

— Oh, Bob, ce n’est pas du tout pour moi que vous êtes venu. Vous ne songez qu’à ce que vous pouvez obtenir.

— Ah ! c’est le ton de la chanson, dit-il, en s’étalant fièrement. De la gelée, s’il vous plaît, madame.

Après le thé, elle s’assit sur le tapis du foyer et lui conta ses rêves — certains du moins. Elle lui dit comment elle s’habillerait pour chanter à un Eistedfod, et quand elle leva les yeux, éclairée d’une beauté nouvelle, il découvrit soudain ce qu’il avait envie de faire. Des Pennillions[1]. Il allait en composer sur la lande et au milieu se dresserait Gillian Lovekin. Il ne savait pas très exactement ce qu’étaient des pennillions, ni la manière de les faire, mais il pourrait apprendre. Il pourrait, en franchissant les montagnes, aller trouver chez lui un chanteur d'Eistedfod, et apprendre. C’était

  1. Sortes de petits poèmes que composent et chantent les bardes gallois