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sept pour un secret…

chose qui l’y attendait dans l’avenir, un acte important, une haute résolution. La mort ? En tout cas, songeait-il, c’était aussi mystérieux qu’elle. Tous les jours il circulait dans son rêve qui n’empêchait pas ses mains d’être adroites ni ses pieds d’être agiles, et sans cesse la contrée tissait entre elle et lui des fils plus nombreux. Il restait assis, à rêver devant le feu de sa mère, comme s’il avait été emporté par les fées ou, comme disait Jonathan, « détraqué ». Et voici que Gillian trouvait place dans son rêve. Doucement, impitoyablement, comme une abeille qui perce une feuille, elle se gravait sur le crépuscule empourpré de sa poésie non écrite.

Que signifiait tout cela ? Il ne le savait trop. Il fallait attendre, ce qu’il pouvait toujours faire, sans être endormi ni frivole, et, l’attente finie, il pourrait agir. Pour le moment il était temps d’agir car les caramels étaient prêts.

— N’oubliez pas, Gillian, lui rappela-t-il, de mettre le moule dans l’eau froide.

Ils jouèrent au chat et à la souris pendant que les bonbons refroidissaient. Puis ce fut l’heure de la traite. Les rires sonnèrent dans l’étable, et ce fut vite fait. Ensuite, en poussant un de ses sinistres cris de chouette, elle courut en traversant le parc sombre jusqu’à la cuisine.

Elle était éclairée, car Robert y avait allumé le feu. Elle mit le couvert avec le plus beau service de porcelaine, apporta de la gelée d’airelles, du pain frais, du fromage et du thé réservé aux invités. Elle alla passer sa plus jolie robe, se recoiffa et cueillit un géranium rouge sur la fenêtre pour le mettre dans ses cheveux. Elle voulait être aussi gaie, aussi jolie, aussi aimable que possible. Ce n’avait pas été gentil à son père de