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sept pour un secret…

En écrivant, Gillian se demandait l’effet que ferait :

« Mademoiselle Juliana Lovekin, Silverton. »

ou :

« Mademoiselle Juliana Lovekin, Londres. »

Elle préférait la deuxième adresse.

Après le dîner, Jonathan, d’un air résigné, amena la charrette. On y casa les œufs et les fruits. Mme Makepeace s’assit par derrière, sur la malle en zinc, et Jonathan prononça :

— C’est de la neige pour notre oreiller ce soir, Mme Fanteague, oui, Madame, voilà ce que nous aurons, de la neige pour oreiller.

Mme Fanteague fit un geste résigné et ils s’éloignèrent sous une neige qui s’épaississait.

— Mon Dieu, pria Gillian, veillez sur ma tante, afin que je puisse bientôt aller à Londres !

La sincérité avec laquelle les humains s’expriment quand le Tout-Puissant est seul à les entendre, doit souvent Le divertir.

— Robert, appela-t-elle ensuite, Robert Rideout ! Hou-ou !

— Quoi donc, Mademoiselle Gillian ?

— Qu’ai-je fait pour que vous soyez si raide avec moi ?

— Rien.

— Eh bien alors, entrez donc. Nous allons faire une petite fête, comme toujours quand ils sont partis.

— Nous ne devrions pas.

— Oh ce mot-là… autant mourir tout de suite. Allons, venez, nous ferons des caramels… il y a tout le beurre du marché. Nous jouerons au chat et à la souris dans toute la maison, puis je vous aiderai à traire et après nous prendrons le thé. Vous finirez dehors pendant que je le préparerai. Ils ne seront rentrés ni l’un ni l’autre avant sept ou huit heures.